Héritage et transmission de patrimoine : un pic sans précédent est attendu pour ces prochaines années
Vers une société de la transmission
Jamais les transferts de patrimoine entre générations n’ont atteint un tel niveau en Suisse. En 2025, les successions et donations devraient franchir le cap symbolique des 100 milliards de francs. Ce phénomène, souvent qualifié de « grand transfert intergénérationnel », est en grande partie porté par la génération des baby-boomers qui commence à transmettre son capital.
Selon plusieurs études économiques, ce mouvement représente l’une des plus importantes redistributions de richesse de notre époque. En Suisse, les donations et héritages annuels ont presque quintuplé en 20 ans. Un chiffre qui s'explique non seulement par l’augmentation des fortunes privées, mais aussi par le vieillissement démographique.
Une concentration accrue du patrimoine auprès de la même génération
Ce que révèlent les données, c’est aussi un changement dans la répartition de cette richesse. Si les montants en jeu sont colossaux, ils ne bénéficient pas nécessairement à un large public. En effet, la fortune tend à se concentrer entre les mains d’un nombre restreint de personnes, souvent plus âgées et déjà aisées. Ainsi, environ 42 % de la fortune privée suisse est détenue par le 1 % des contribuables les plus riches.
De plus, la part des héritages dans la constitution du patrimoine global est estimée aujourd’hui à près de 50 %. Cela signifie qu’une personne sur deux qui possède une fortune importante l’a, au moins en partie, héritée.
Pourquoi ce phénomène prend-il de l’ampleur ?
Trois éléments principaux expliquent cette croissance :
Explosion des valeurs immobilières : les biens transmis aujourd’hui valent souvent bien plus qu’il y a 20 ans.
Allongement de la vie : la génération baby-boomer a accumulé davantage de capital durant une période de forte croissance.
Moins d’héritiers par succession : les familles sont plus petites qu’autrefois, ce qui augmente la part par descendant.
Des questions d’équité intergénérationnelle
Ces mutations soulèvent des débats de société. Faut-il taxer davantage les héritages pour financer les retraites ou les politiques publiques ? La transmission du patrimoine doit-elle être encadrée pour garantir une certaine équité ?
Il devient donc essentiel d’accompagner cette évolution. Une bonne planification successorale permettra d'anticiper des pertes, notamment pour des raisons fiscales.
Deux nouveautés cantonales
Dans le canton de Vaud
Depuis 2025 :
- Le seuil d'imposition pour les donations en ligne directe (enfants) passe de 50'000 francs à 300'000 francs par enfant et par année.
- Le seuil d'imposition pour les successions en ligne directe passe de 250'000 francs à 1'000'000.
Attention, il s'agit de seuils ! Cela signifie qu'en cas de dépassement de ces montants, la totalité est soumise à l'impôt !
Pour les successions ouvertes avant le 1er janvier 2025, pour le calcul de l’impôt successoral, il sera déduit CHF 250’000.- du montant net de la part revenant à chaque souche héréditaire de la première parentèle, lorsque cette part n’atteint pas CHF 251'000.-. Les parts revenant aux autres héritiers et aux légataires sont exonérées si elles sont inférieures à CHF 10'000.- par bénéficiaire.
Le taux d'impôt monte progressivement pour atteindre 3.5% de la somme héritée/donnée.
Un héritage de 1'400'000 francs reçu par l'enfant d'une personne décédée habitant à Lausanne coûtera 98'000 francs. Soit 49'000 francs d'impôt cantonal (3.5% de 1'400'000) et 49'000 francs d'impôts communal.
Le saviez-vous ?
Sauf pour les biens immobiliers (imposés au lieu du bien), l’impôt est prélevé au lieu de domicile du donateur ou du défunt.
Ainsi, si la personne décédée avait habité Leysin (où la commune ne prélève aucun impôt successoral), la charge aurait été réduite à 49’000 francs seulement.
Dans le canton du Valais
À partir de 2025 :
- les personnes vivant en concubinage depuis 5 ans au moins, ou ayant un enfant commun (biologique ou adoptif), seront exonérées de l’impôt sur les donations et successions.
Le seuil d’imposition des successions pour les autres bénéficiaires remonte à 20’000 francs (contre 10’000 précédemment). Le seuil pour les donations reste inchangé.
Rappel : les conjoints, enfants et parents sont entièrement exonérés d’impôt successoral en Valais.